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Les inégalités abîment l’attachement à la démocratie

Dans son rapport sur l’état de la France en 2024, le CESE constate que les Français les plus touchés par les inégalités sont aussi les plus nombreux à déclarer un sentiment d’exclusion de la société et une défiance envers notre système politique. Lutter pour la justice sociale est plus que jamais un enjeu pour la préservation de la démocratie. Ce rapport doit servir de lanceur d’alerte, estime FO.

Est-il possible d’établir un lien entre inégalités, sentiment d’être mis à l’écart de la société, et défiance envers la démocratie ? C’est ce que tend à démontrer le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son Rapport annuel sur l’état de la France en 2024, intitulé « Sortir de la crise démocratique ». « L’absence de perspective, le sentiment de subir davantage d’inégalités que la moyenne, et les difficultés d’accès à certains services publics peuvent alimenter un sentiment d’injustice et d’exclusion. En résulte un moindre attachement au système démocratique », expose le CESE, assemblée formée d’organisations de la société civile, dont les syndicats, et qui est notamment chargée de conseiller le gouvernement et le Parlement. Près d’un Français sur quatre se sent ainsi en marge de la société rappelle le CESE.

Malgré le ralentissement de l’inflation, le pouvoir d’achat reste une forte préoccupation des citoyens. Dans un sondage réalisé par Ipsos pour le CESE, 32% des Français déclarent que leur pouvoir d’achat leur permet tout juste de répondre à leurs besoins essentiels (+2 points en un an) et 13% qu’il n’y suffit pas (+1 point). « Au total, près d’un Français sur deux est donc dans une situation financière inconfortable », s’inquiète le rapport : « Des études récentes montrent aussi que la forte préoccupation actuelle autour du pouvoir d’achat corrélée au sentiment de déclassement, qui traverse désormais toutes les classes sociales, est plus fort en France que dans les autres pays de l’UE », rapporte par ailleurs le CESE.

Les citoyens sondés estiment que les inégalités aboutissant à ces difficultés sont notamment dues aux disparités salariales excessives (citées par 36% des sondés), aux discriminations (30%), à l’inefficacité de la redistribution des ressources (27%), à l’iniquité entre territoires dans l’accès aux services (20%).

L’accès aux services publics, un enjeu majeur

Pour FO, représenté au CESE, cette situation « est avant tout la conséquence des choix politiques et d’un entêtement à vouloir à tout prix poursuivre un libéralisme sans limite et à détruire tous les cadres qui ont permis à la France de prospérer et de mettre en place un système social basé sur la solidarité et la protection des personnes ». Le rapport « doit servir de lanceur d’alerte », estime le syndicat.

En effet, l’enjeu est de taille, tant ces inégalités perçues par les Français alimentent un sentiment d’invisibilisation et d’exclusion de la société, qui se traduit par une défiance envers le personnel politique et envers la démocratie elle-même. L’image de cette dernière pâtit également de l’inégalité d’accès aux services publics : 59% des sondés vivant dans une ville de moins de 20 000 habitants estiment que l’accès aux soins leur est difficile – alors que la santé arrive cette année en tête de leurs préoccupations.

FO « appelle à agir pour plus de justice sociale, plus d’égalité et de protection sociale collective »

Les Français connaissant le plus de difficultés dans l’accès aux services publics se conçoivent plus souvent comme ne faisant pas pleinement partie de la société (41%, contre 24% dans la population générale). En outre, 58% des sondés déclarent connaître des difficultés d’accès au logement. Le CESE rappelle que 4,3 millions de personnes étaient considérées comme mal logées en 2023, soit 10% de plus qu’en 2015.

Si les inégalités se déclinent très différemment selon les territoires (la situation est notamment très préoccupante en Outre-mer), une catégorie de population accumule les désavantages : les jeunes. Exposés à une précarité croissante de l’emploi, ils sont plus nombreux à connaître des difficultés vis-à-vis du logement. « Le nombre d’années de revenus nécessaires à l’achat d’un logement a augmenté de plus de 50 % entre 1999 et 2023 », souligne le CESE. Un public pour lequel FO se bat depuis longtemps : « Le chômage ne se stabilise qu’à travers une offre d’emplois précaires et des radiations qui mettent les jeunes, en particulier, dans des situations qui ne leurs permettent pas de sortir de la dépendance pour mener leur projet de vie de manière autonome », appuie la confédération.

Cette absence de perspectives a des répercussions préoccupantes : près d’un sondé sur quatre (23%) pense désormais que la démocratie n’est pas le meilleur système politique existant. « Les frustrations s’accumulent et le doute dans l’avenir s’installe », diagnostique la confédération FO. Parmi les 13% de Français qui déclarent ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins de base, 47% n’ont pas le sentiment de faire partie de la société. Face à ce constat alarmant, le CESE appelle à renforcer « la justice sociale et fiscale », mais aussi à passer à la vitesse supérieure en en matière de co-construction des décisions politiques, afin de redonner aux citoyens une légitimité dans la vie démocratique et une confiance dans l’avenir.

Dans le sillage de ce rapport révélateur, FO « se joint au CESE et appelle à agir pour plus de justice sociale, plus d’égalité et de protection sociale collective ». La lutte contre les inégalités peut en effet participer à enclencher au contraire un cercle vertueux, suggère le CESE : « Le pouvoir de mener une vie décente, par exemple, renforce le lien d’appartenance à la société, procure de la stabilité et favorise une plus grande disponibilité des engagements bénévoles. 

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