Yves Veyrier, Secrétaire général de FO : Pour une augmentation plus générale, pérenne des salaires, aujourd’hui et demain
Yves Veyrier, Secrétaire général de Force Ouvrière, intervenait en direct lors de la mobilisation de jeudi 27 janvier 2022 sur France info TV.
Madjid Khiat : Bonjour Monsieur Veyrier, vous êtes le patron du syndicat Force Ouvrière. La mobilisation aujourd’hui est pour une hausse des salaires, globalement dans le privé et dans le public.
Yves Veyrier : Oui ! Nous sommes là aujourd’hui parce que ça n’échappe à personne, les prix sont au plus haut, que ce soit ceux de l’énergie, on en parle depuis la fin de l’été, de l’alimentation à nouveau et puis, évidemment en ce moment, des carburants. Pour beaucoup trop de salariés actifs, ceux qui n’ont plus d’emploi malheureusement et de pensionnés, les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Donc, nous sommes là parce que nous soutenons d’abord tous les syndicats qui négocient dans les entreprises, dans les conventions collectives de branches. Parfois cela donne des résultats, parfois il a fallu mobiliser pour que ça change. Il y a encore des secteurs où ça ne bouge pas. Ce problème est là depuis la fin de l’été. Nous l’avions déjà mis au centre d’une mobilisation le 5 octobre, notamment autour de la question du Smic. Nous ne sommes pas satisfaits du fait que le gouvernement s’en soit tenu à l’augmentation minimale réglementaire, ce qui l’a conduit d’ailleurs à devoir ajouter des mesures ponctuelles comme l’indemnité inflation par exemple. Ce qu’il faut, c’est pousser pour une augmentation plus générale, pérenne des salaires, aujourd’hui et demain.
MK : C’est vrai que lorsqu’on échange avec les manifestants et plus généralement avec les électeurs de cette élection présidentielle, on nous parle de pouvoir d’achat et d’augmentation des salaires. Est-ce que le but aussi, ce n’est pas de mettre ce sujet du pouvoir d’achat au cœur du débat de cette élection présidentielle ?
YV : Ce sujet est au cœur du débat. Tout le monde nous dit que la préoccupation principale de la population, des ménages, des salariés, bien évidemment, est aujourd’hui celle du pouvoir d’achat. Et pour cause, encore une fois, face à l’augmentation des prix. Elle est là cette question. Ce que nous voulons dire aujourd’hui, c’est qu’il faut y répondre par les augmentations de salaires dans les secteurs d’activité divers et variés. Il faut sortir des secteurs de bas salaires, les salariés qui sont enfermés dans le Smic, dans des emplois à temps partiels, tous ceux dont on a dit qu’ils étaient essentiels ou de la deuxième ligne. Il faut les sortir de là. Ils n’ont aucune perspective d’évolution. Il faut aussi apporter une réponse dans la fonction publique. Quand on entre dans la fonction publique aujourd’hui à bac +2, bac +3, on démarre à peine au-dessus du Smic et on n’a guère de possibilités, de perspectives d’évolution. Comment s’étonner qu’on ait du mal à recruter et à garder des fonctionnaires sur des activités qui sont essentielles aussi à la cohésion sociale ? Il y a tous les salariés du secteur de la propreté dans les sociétés de services aux entreprises, de la prévention sécurité… Ce sont des emplois dont aucune évolution n’est envisageable. Il faut sortir de cette situation. Il faut répondre à ces questions. Aujourd’hui, immédiatement, face à l’augmentation des prix mais de manière plus structurelle, revaloriser le travail. On parle de la valeur du travail, de la reconnaissance ; elle doit se traduire par le retour des richesses produites par les travailleurs en termes de salaire.